Après ce deuxième passage un peu plus approfondi que le premier à Singapour, il est temps de partir pour de nouvelles aventures. Direction Jakarta. J’ai pris le billet d’avion Singapour-Jakarta, un peu au hasard et dans la précipitation puisque l’agent au sol de Turkish Airlines ne voulait pas me laisser embarquer sans une preuve de sortie du territoire à Singapour.
Mon vol est en début de soirée, j’ai donc ma matinée au calme pour boucler mon sac, déjeuner et échanger avec les autres jeunes présents au petit-déjeuner. Je suis rassurée de voir que je ne suis pas la seule qui trouve la situation liée au coronavirus pénible et pesante. En ce moment, j’ai l’impression de jouer à cache-cache avec le virus et de moins profiter de mon voyage en raison de toutes les restrictions qui voient le jour. Tous les jours, je passe plusieurs heures sur le site du ministère des affaires étrangères et sur le IATA center pour suivre les évolutions. J’ai déjà fait une croix sur la Corée, prévue initialement dans mon itinéraire. Je dois absolument aller au Japon à un moment, dans la mesure où mon prochain vol inclus dans mon billet TDM est Tokyo-Sydney. Il faut donc mettre en place une stratégie fine pour ne pas se retrouver dans un pays à risque avant l’entrée au Japon, sous peine de se voir refuser l’entrée ou d’y être en quarantaine. Tout en restant réactif pour sauter dans un avion si des mesures seront prises dans les jours qui viennent pour y arriver avec leur entrée en vigueur. A suivre également les restrictions de l’Australie ? Que se passera-t-il si l’Australie ferme ses frontières aux voyageurs en provenance du Japon ? Voilà un peu l’état d’esprit actuel : je me sens prise en otage. Revenir en France ? Pour quoi faire ?
Vous comprendrez facilement que cet entrain sapé influera forcément sur mes journées à Jakarta. Je file donc à l’aéroport de Singapour depuis mon hôtel. L’avantage d’être passée plusieurs fois par là, c’est que je connais bien le trajet. Je mange des dim sum là où j’avais mangé avant d’embarquer pour Istanbul et me disant que ce sont les derniers avant un moment. Je me régale et ça fait du bien au moral. J’emprunte cette fois la compagnie low-cost Scoot. Le trajet d’1h30 environ se passe très bien et suis bien contente de ne pas avoir cherché à prendre une compagnie nationale pour laquelle j’aurais payé mes billets bien plus chers. Arrivée à Jakarta, je change mes derniers dollars singapouriens en roupies indonésiennes et en retire également au distributeur. Je réalise cette dernière étape dans l’aéroport et non pas à l’extérieur car en Indonésie, les distributeurs sont très souvent piratés, notamment à Bali. Me voilà à nouveau millionnaire ! Je file ensuite prendre le train qui relie l’aéroport au centre ville en 45 minutes. En sortant de la gare, ça me fait un petit choc ! Après plusieurs semaines à voyager dans des pays très développés et le retour en France, je me retrouve dans des ruelles aux trottoirs défoncés avec des tuk-tuks et des klaxons, des petits stands de street food. Les rues sont cependant très propres et évidemment, les buildings poussent comme des champignons. En 10 minutes de marche, je rejoins mon hôtel : un hôtel capsule ! C’est rigolo, on se croirait dans la station de l’ISS. Je m’endors.
Pour cette première journée à Jakarta, la journée débute un peu tard car je me réveille tard. Dans la mesure où je n’ai pas encore totalement récupéré du décalage horaire, je me laisse le droit de dormir et de ne pas mettre de réveil. L’hôtel ne propose pas de petit-déjeuner, je traverse donc la rue pour entrer dans le mastodonte qu’est Grand Indonesia, un complexe de 8 centres commerciaux ! J’achète un Bakpau, la version indonésienne du Banh Bao puis je prends un café à emporter accompagné d’un insane beignet au caramel surmonté de popcorn. Ensuite, je décide d’aller passer ma journée autour de la place Merdeka, dans le quartier de Gambir.
La ville de Jakarta est tentaculaire, c’est l’une des plus grosses mégalopoles au monde. Ainsi, il me faut une bonne demi-heure pour rejoindre le quartier de Gambir. La chaleur, jointe à l’humidité sont écrasantes et m’indisposent totalement. Je me sens vidée de toute mon énergie et ferai de nombreuses pauses, les poings sur les hanches à souffler comme un bœuf. La place Merdeka est entourée d’un grand parc grillagé. Les entrées d’accès aux quatre coins du parc ne sont pas toutes ouvertes. Je suis chanceuse, l’entrée en face de laquelle j’arrive est ouverte. Au milieu de cette place, on trouve le Monument National, grivoisement appelé « la dernière érection de Sukarno ». Il s’agit simplement d’une obélisque dont la pointe est terminée par un flambeau. Je me balade dans le parc en zigzagant entre les gens qui m’abordent… J’avais oublié cet aspect très désagréable. Je cherche ensuite à rejoindre la Mosquée Istiqlal. Il me faut alors ressortir du parc et longer le grillage sur 1 à 2km. En arrivant devant la Mosquée, je trouve porte close et impossible d’en faire vraiment le tour. Quelle déception ! Je continue et me dirige vers la Galeri Nasional. Malchanceuse, je vois en arrivant que la galerie est fermée jusqu’à ce soir en raison de l’inauguration, ce soir, de la nouvelle exposition. Je finis par refaire tout le tour du parc pour visiter le Musée National. La collection est très éclectique et pour je ne sais quelle raison, je n’accroche pas… J’y passe une heure puis jette l’éponge. Je décide alors de rentrer, je suis trop fatiguée. Sur le chemin du retour, je me jette sur le premier café vendant du thé glacé et l’engloutit goulûment. De retour à l’hôtel, je vais faire ma petite lessive dans la douche et me lave également avant d’aller me reposer dans ma capsule.
J’ai pour mission de me décider sur la suite de mon périple. Je choisis de partir directement pour Bali après-demain. En effet, dans ce que j’ai vraiment envie de voir en Indonésie, Bali et surtout Komodo sont dans le top 3. Je préfère donc commencer par là afin de ne pas les rater puis de remonter l’île de Java pour retourner à Jakarta. Mon exemption de visa dure 30 jours, or, l’Indonésie est un pays immense et en lisant un peu le guide, je me suis vite rendue compte qu’il me faudrait plutôt 3 mois qu’un. Je garde donc dans un coin de ma tête l’idée de partir de Bali/Flors/Komodo pour l’Australie afin de pouvoir reprendre 30jours d’exemption. Mon ventre commence à se réveiller. J’ai vu sur la carte qu’il y a un restaurant de cuisine indonésienne à 20m de l’hôtel, Senyum. Ça me paraît tout indiqué ! Comment me remonter le moral après une journée bien morne ? Me proposer un repas aussi coloré que celui auquel j’aurai le droit. Je me suis clairement tapée la cloche ! En entrée, j’ai choisi une salade de lamelles de fruits mélangés à une sauce cacahuète, sucre, tamarin et pâte de crevettes. En plat, je prends des petites brochettes, que l’on trouve aussi dans la rue, les satay. Je n’ai qu’une hâte, pouvoir y revenir demain car choisir parmi les innombrables plats de la carte était un supplice. Madame insomnie est repassée et je ne m’endors qu’à 4h du matin….
Décidément, dans ce sens, le décalage horaire ne me réussit vraiment pas. Je me réveille miraculeusement vers 10h30. J’essaye de me préparer rapidement pour aller prendre un petit-déjeuner/brunch au mall en face. Je teste un autre café : je goûte des pancakes japonais accompagnés d’un milk-shake. C’était pas mal mais je préfère les pancakes classiques. Comme les pancakes sont cuits à la minute, j’ai 20 minutes pour lire tranquillement. Mon roman me passionne et toujours fatiguée, j’ai finalement la flemme de sortir du mall. Je monte d’un étage après ce repas pour me poser dans un Starbucks et boire un bon thé chaud en bouquinant. Après cela, je décide de rentrer et d’essayer de bien me mettre à jour sur mon carnet, mes articles, mon suivi budgétaire, mes réservations etc pour bien profiter du restaurant ce soir et surtout être opérationnelle rapidement en arrivant à Bali (opérationnelle = jeux olympiques de saut dans son maillot de bain avec un cocktail à la main les doigts de pied en éventail sur un matelas flottant dans la piscine d’une villa magnifique). J’exagère vous croyez ?
L’après-midi passe donc assez lentement mais j’avance bien sur tous ces petits sujets. Etant ultra fatiguée, je pense que c’est bien que je reste au calme et ne m’épuise pas davantage. Je pense que je ferai la même chose à Bali et envisage sérieusement de me prendre une semaine un peu off de farniente sur la plage. Le soir, comme prévu, je retourne dîner chez Senyum où je déguste un Pempek, qui sont des petites bouchées apéro à tremper dans une sauce puis un Bihun Goreng, c’est-à-dire des vermicelles de riz très fins sautés avec des légumes et de la viande, le tout bien relevé comme j’aime ! Je me régale et, de même que l’a été le thé plus tôt dans la journée, ce repas est très réconfortant. Je rentre et finis mon bouquin. Je m’endors tôt, c’est fantastique. Malheureusement, je suis réveillée vers minuit… et impossible de me rendormir avant 3h du matin. Décidément, dans ce sens, le décalage horaire est vraiment moisi. Je pense aussi que le sujet du coronavirus me stresse inconsciemment énormément et que cela impacte la qualité de mon sommeil.