Ah le bus… Après ces quelques jours à Phnom Penh, j’ai réservé un bus pour me rendre à Kep, petite bourgade du bord de mer, proche de la frontière avec le Vietnam. Après confirmation la veille, le bus part à 8h. A 7h35, je suis donc en train de terminer mon petit-déjeuner tranquillement lorsque la dame de la réception vient me voir pour me dire « vous êtes bien la chambre 210 ? J’ai appelé votre chambre mais ça ne répondait pas, le bus ne vous a pas attendu, le pick-up était à 7h30 pour un départ à 8h là-bas. Vous pouvez encore prendre un tuk-tuk par vous-même. » Surtout, ne pas s’énerver… J’ai bien revérifié tous les papiers, écriteaux, jamais il n’a été fait mention du 7h30. Très ronchon, j’engloutis ma banane et file chercher mon sac qui était heureusement déjà prêt. Je saute dans un tuk-tuk et arrive juste à temps pour prendre le bus. Ouf ! Nous ferons un stop pipi et un arrêt à Kampot pendant le trajet de 4h30, très honnête. La voisine est sympa qui plus est, donc je finis ma nuit tranquillement.
A peine sortie du bus, c’est le coup de foudre. L’endroit est calme, je longe la longue promenade le long de la plage puis simplement de la mer pour rejoindre mon hôtel. Quelle quiétude ! Après 10 jours de capitale, cet arrêt est le bienvenu. Les gens sont d’une gentillesse extrême avec un sourire permanent aux lèvres. Pour équilibrer les quelques nuits en hôtel plus chic à Phnom Penh, j’ai choisi de dormir chez Kep Stay Bungalows, qui propose aussi des tentes à tout petit prix. Ce sera donc camping dans un oasis de verdure pendant 3 jours. En arrivant, je suis subjuguée par ce magnifique jardin et la courtoisie de mes hôtes, qui parlent aussi très bien anglais. Des hamacs sont pendus un peu partout autour du jardin et invitent au repos. J’y passerai mon après-midi en compagnie du couple de British arrivé en même temps que moi, tout en m’installant gentiment. Je me laisse tenter par le jus de fruits mixés proposé pour $1. Les fruits sont récoltés dans le jardin directement, tout en bio. Comment vous dire : un délice !
La nuit en tente n’aura pas été de tout repos car les voisins possèdent des coqs et des oies. Depuis quand le coq chante à 23h ? Cela dit, l’endroit est tellement magique et apaisant, que cela me convient très bien. Je décide de prendre un thé et des pancakes à la banane et au miel, faits maison. Miam ! Les prix sont ridicules pour une super qualité. Pour le thé, le proprio m’explique qu’il s’agit de « thé khmer », un thé assez basique auquel sont ajoutées de longues feuilles pour le parfumer.
La ville de Kep est très renommée au Cambodge pour son crabe bleu. Oui, vous avez bien lu ! Le marché aux crabes est donc l’attraction phare de la ville. Je décide de m’y rendre, en tongs, cruelle erreur. J’en reviendrai avec des trous dans les pieds qui me cloueront sur place pour plusieurs jours. Est-ce vraiment grave ? Je ne crois pas. Mon attirail d’infirmière en herbe me permet de bien soigner ces vilaines ampoules. Revenons au marché. Les brochettes de fruits de mer et de poissons sont légions. Au départ, je ne vois que peu de crabes puis en effectuant un deuxième tour du marché, je comprends qu’en fait ils sont toujours dans les paniers, dans l’eau juste à côté et sortis à la demande. Après un peu d’hésitation, j’en choisis 2 de taille moyenne pour… $2. Si seulement le crabe pouvait être à ce prix en France ! Je rentre en longeant le parc national de Kep plutôt que par le bord de mer pour varier les plaisirs et découvrir cette jolie ville tranquille. Avant l’arrivée au pouvoir des Khmers rouges, Kep s’appelait Kep-sur-mer et était vraiment la station balnéaire de la bourgeoisie. De très belles villas étaient disséminées dans la ville. Malheureusement, le régime les a toutes détruites et aujourd’hui encore, on peut voir les ruines de certaines d’entre elles au cours de la balade.
En rentrant, mes proprios me cuisinent mes crabes en les faisant frire avec une sauce au poivre de Kampot. Je pense que c’est tout simplement le meilleur plat de crabe de ma vie. Ce poivre mondialement reconnu relève à merveilles les saveurs du crabe. Je me régale et finis mon repas par un jus de fruit de la passion du jardin. Là encore, un vrai délice. L’après-midi sera consacrée au repos (mes pieds ne peuvent de toute façon rien faire d’autre) et à jouer avec les filles et les nièces du propriétaires (1,5 mois, 4 ans, 9 ans et 11 ans). Pour le soir, je me rends chez Captain Chim’s, petit restaurant recommandé par d’autres voyageurs selon mon proprio. Je testerai le fameux Lok Lak (plat de boeuf typique). Encore une fois, je me tape la cloche !
Après une bonne nuit de sommeil, mes pieds ne sont pas beaucoup plus en forme. Plutôt que d’aller randonner dans le parc national, je choisis donc l’option plus raisonnable : tuk-tuk + visite d’une poivrière. Kep est aussi le nom de la province dans laquelle se trouve la ville de Kep. Avant, les provinces de Kampot et de Kep formaient une seule et même province. Le poivre de Kampot s’appelle donc ainsi pour la province et non la ville. C’est le premier produit au Cambodge à avoir reçu une IGP. La plupart des fermes se situent autour de Kep. C’est le sol, constitué de quartz rouge et probablement le climat maritime qui lui confèrent ces saveurs si particulières. Je suis à nouveau seule pour réaliser cette visite de la Sothy’s pepper farm. Tant mieux, je pourrais poser toutes les questions que je souhaite sans déranger. Avant de voir les cultures elles-mêmes, on discute processus : les baies sont récoltées vertes et rouges (différents stades de maturité sur une même grappe). Toute les baies sont bouillies puis une partie des baies vertes sont conservées dans le sel, pour les consommer fraîches et étendre leur date de consommation tandis que toutes les autres sont triées et séchées. Les baies vertes vont donner les baies noires une fois séchées et les baies rouges séchées et dépouillées de leur enveloppe donnent les baies blanches. Place à la dégustation ! Chaque baie possède effectivement des caractéristiques aromatiques très différentes, c’est impressionnant ! Les poivrières sont jolies et je pose plein de questions sur l’itinéraire de culture. On voit ensuite le séchage puis le tri, manuel. La visite se termine par un petit tour à la boutique pour l’achat de poivres. A venir tester à la maison d’ici peu ;).
Pour l’après-midi, je participe à la confection de brochettes. Aujourd’hui, mon proprio organise une fête pour la naissance de sa fille. 35 convives au programme et une journée entière de préparation en cuisine. Les plats, locaux, semblent assez faciles à réaliser. Je suis très contente de pouvoir mettre la main à la pâte et cela me permet de reposer mes pieds. La fête débute vers 17h et se termine relativement tôt, à 21h tout le monde s’en va. Leur bière est assez infâme mais je dois leur reconnaître une bonne descente ! Je teste aussi le jus de litchi et le jus de courge cireuse (winter melon) très très particulier ! Laia, touriste espagnole et moi bavardons avec tout un groupe d’invités pendant une bonne partie de la soirée avant de switcher et d’aller s’occuper des enfants.
Pendant la nuit, ploc ploc ploc, un orage éclate et la fenêtre de la tente étant restée ouverte, il me pleut dessus. Je brave les éléments pour aller la refermer et me rendors après avoir maudit le coq qui chante à tue-tête toute la nuit. Je devais partir ce matin mais mes ampoules me poussent à rester au moins une journée supplémentaire. J’ai vraiment envie d’aller randonner dans le parc avant de partir pour Kampot, la prochaine étape de mon voyage ! Finalement, cette journée sera très simple : le hamac sera mon meilleur ami car la météo est plutôt couverte.
Ah le boeuf lok lak ! Mon delice du cambodge ! Et il me semble en avoir mangé au laos aussi ! Regale toi bien !